La Havane, 3 mai – La tuberculose tue chaque année deux millions de personnes dans le monde, alors que dix millions développent la maladie et un tiers de la population mondiale est infecté.
À Cuba, le taux d’infection est de 6,2 pour cent mille habitants, il y a environ 600 nouveaux cas par an et le taux de décès est très faible.
Bien qu’elle ait été découverte il y a plus d’un siècle par le prix Nobel de médecine Robert Koch, qui identifia le bacille infectieux qui porte son nom, la tuberculose (TB), provoquée par des bactéries (Mycobacterium tuberculosis) qui affectent le plus souvent les poumons, est une maladie curable et évitable. Dans la majorité des cas un diagnostic précoce et un traitement bien suivi permettent une guérison sans séquelles.
Les enfants cubains sont protégés contre les formes graves de la maladie grâce au vaccin BCG, mais ceci n’évite pas d’autres mutations et la contagion à travers d’autres souches résistantes aux médicaments.

La Dr Maria Teresa Milanés Virelles a appelé à renforcer les mesures d’hygiène dès pour éviter la propagation de la maladie. Photo : Mayda Reyes
Selon la Dr Maria Teresa Milanés Virelles, spécialiste en pneumologie, Cuba exhibe un faible taux de décès et d’infection grâce à un programme national indiquant les protocoles médicaux pour la prévention et la guérison de cette maladie infectieuse, mis en œuvre depuis le triomphe de la Révolution, le 1er janvier 1959.
La Dr Milanés, qui est également master ès sciences infectieuses, a signalé dans une interview exclusive pour Granma international : « Lorsque le diagnostic est positif, le patient est immédiatement soumis à un traitement supervisé et contrôlé. Il reçoit un médicament sûr et gratuit, un régime alimentaire renforcé et fait l’objet d’une prescription médicale lui permettant de bénéficier d’un congé maladie. Il touchera son salaire intégralement mais restera à domicile afin de réduire les risques de contagion. »
En guise de prévention, des tests de dépistages aléatoires sont effectués. En cas de soupçon dans une localité, les foyers infectieux sont localisés et circonscrits et les personnes de l’entourage du patients, notamment les proches parents et amis doivent également subir un examen, a-t-elle indiqué, avant de rappeler que certaines personnes sont asymptomatiques ou présentent une forme légère de la maladie. « Dans ces cas-là, il est nécessaire de prescrire un traitement prophylactique. Le patient devra prendre un médicament pendant six mois, comme mesure de prévention », a précisé la Dr Milanés, qui est membre de l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (UICTMR).
Les poumons sont les principaux organes endommagés par l’infection, mais la maladie peut aussi affecter les systèmes nerveux central, lymphatique et circulatoire, génito-urinaire, l’appareil digestif, les os, les articulations ou encore la peau. La toux, les éternuements et même le fait de parler peuvent libérer des bactéries dans l’air ambiant, et les personnes qui respirent cet air peuvent s’infecter.
Les symptômes les plus courants sont la toux, une douleur thoracique ; un essoufflement ; de la fatigue ; une fièvre ; des frissons ; une perte de l’appétit ; une perte de poids ; des sueurs nocturnes… Et elle a appelé à ne pas sous-estimer ces signes et à consulter immédiatement le médecin.
Elle a précisé que les personnes proches ou les membres de la famille vivant sous le même toit que le cas contagieux sont toujours classées dans la catégorie des contacts étroits et que c’est parmi eux que le dépistage sera conduit en priorité.
Les spécialistes cubains réalisent des recherches sur les outils de diagnostic, les études radiologiques, la prévalence des malades dans les différentes régions du pays, les influences du climat tropical sur la maladie et le suivi des fonctions physiologiques de malades.
Afin d’éviter la propagation de la maladie, la Dr Milanés a insisté sur la mise en place de mesures complémentaires d’hygiène dès qu’une tuberculose respiratoire est suspectée pour éviter la propagation de la maladie : se couvrir la bouche et le nez, éviter le contact avec les sujets infectés, ne pas partager la nourriture, l’eau et les objets personnels, etc. Elle a aussi appelé à sensibiliser les gens à ne pas faire d’automédication, signalant que d’autres facteurs peuvent augmenter le risque de tuberculose, comme une consommation excessive d’alcool et le tabagisme, avant de rappeler que les personnes ayant un mode de vie sain ont un système immunitaire plus fort.
Elle a indiqué que face à un cas suspect, la personne présentant les symptômes est prise en charge dans les services de pneumologie existant dans toutes les provinces du pays dans les institutions secondaires de santé.
La Dr Milanés a précisé que Cuba assure chaque année la formation de pneumologues en accord avec les besoins du pays. Ainsi, conformément au programme, les jeunes médecins travaillent pendant une période dans le service de pneumologie et ont l’occasion d’approfondir leurs connaissances sur la tuberculose. Des formations post-universitaires, des masters et des doctorats sont également prévus.
Cuba commémore chaque 24 mars la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose avec diverses actions de promotion et de prévention de la santé, ainsi que par des rencontres nationales et internationales.
En 2013, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a inscrit notre pays dans une liste sélecte de pays qui pourraient éradiquer cette maladie d’ici à 2035, en raison des résultats obtenus dans la mise en place de programmes de lutte contre cette maladie. La Dr MIlanés pense qu’un tel objectif est parfaitement réalisable.
Source: Granma International